- THAI
- THAILes populations thai appartiennent à un groupe ethnique dispersé, mais très étendu et nombreux. Leur implantation va du sud de la Chine à l’est de l’Inde. Leurs langues forment l’une des cinq familles linguistiques d’Extrême-Orient (thai, miao-yao, austronésien, austro-asiatique, sino-tibétain). Deux de ces populations ont constitué les États de Thaïlande et du Laos. La Chine populaire a accordé l’autonomie à la région du Houang-si (Guangxi), de majorité Zhuang. Les autres sont de plus petites unités de montagnards, disséminées dans les hautes régions de Chine méridionale, du nord du Vietnam, du Laos, de la Thaïlande, de la Birmanie et de l’Assam, où elles font partout figure de minorités. Non seulement elles parlent des langues de même origine, mais elles possèdent nombre de traits culturels reconnaissables, et leur organisation sociale ne semble pas présenter des variantes très importantes.1. Position historiqueLa question thai se pose sous l’angle ethnique et linguistique, mais plus fortement encore sur le plan historique: en effet, l’apparition des populations thai organisées en chefferies puissantes dans les pays du Sud-Est asiatique à partir du XIIIe siècle de l’ère chrétienne a modifié l’évolution de toute l’Asie méridionale.Pendant les siècles où l’expansion indienne avait atteint, par voie maritime et terrestre, les anciens territoires de la Birmanie et de l’actuelle Thaïlande, alors peuplés de Môn, ceux du Fou-nan (Funan) et du Cambodge, peuplés de Khmers, et celui du Champa ou côte d’Annam, occupé par les Cham, il n’était guère question des groupes thai. Du VIe à la fin du XIIe siècle, les peuples qui jouèrent les premiers rôles dans cette partie du monde furent, soit des Môn-Khmers, soit des Indonésiens ou Malayo-Polynésiens.Il existait à coup sûr, ici et là, des groupes isolés déjà «descendus» des confins septentrionaux de la péninsule indochinoise et de la Chine du Sud. Ceux que l’on a désignés sous le vocable de Syem ou Syâm se trouvaient sans doute installés dans la moyenne vallée du Ménam, au pays qui prit par la suite le nom de Siam, au XIe siècle et peut-être beaucoup plus tôt. De même, les Shan de la haute Birmanie, avant de participer à l’histoire birmane en prenant en quelque sorte la relève de la prestigieuse Pagan, formaient des communautés actives bien avant que les textes ne fassent état de leurs conquêtes.Quoi qu’il en soit, c’est au XIIIe siècle, et plus particulièrement dans le dernier tiers, que l’on situe traditionnellement une arrivée plus massive des Thai dans les hautes vallées de l’Irrawadi, de la Salouen, du Ménam et du Mékong, autrement dit de la Birmanie au Laos.Établis au Yunnan au VIIIe siècle, où l’on a longtemps cru qu’ils avaient fondé le royaume de Nan-tchao (Nanzhao) dont ils auraient été les souverains, ils eurent probablement à subir là des pressions politiques et économiques, notamment du fait de l’arrivée des Mongols qui prirent le Yunnan et sa capitale en 1253-1257. Les Thai entreprirent alors une série d’infiltrations vers le sud par les vallées des fleuves et rivières.Il serait sans doute abusif de parler d’«invasion» à propos de cette pénétration, éparse et diffuse. Les dates traditionnelles de l’établissement des premiers royaumes thai font remonter à 1215 la fondation de Mogaung au nord de Bhamo en haute Birmanie, à 1223 celle du Muong Nai, à 1229 la conquête de l’Assam, où fut alors parlée une langue thai, l’ahom, aujourd’hui disparue. Approximativement à la même époque, les Thai Lao, qui devinrent les Laotiens, commencèrent leur marche vers Luang Prabang: la légende en a fait une épopée mythologique, la descente du Ciel sur la Terre, du héros Khun Borom. Et c’est seulement au XIVe siècle que le royaume du Lan Xang ou Laos entrera dans l’histoire.Du côté siamois, les succès des Thai dans le bassin du Ménam furent rapides et décisifs. Leurs chefs chassèrent les Môn et les Khmers qui s’y trouvaient précédemment installés et assimilèrent du même coup la culture indianisée dont ceux-ci étaient à la fois les dépositaires et les agents de transmission. Déjà eux-mêmes fortement marqués par la civilisation chinoise, ils avaient reçu d’autre part des éléments de la civilisation indienne par la route reliant le Bengale au Yunnan et étaient entrés en contact avec le bouddhisme.Profitant du déclin des Birmans et de l’affaiblissement du Cambodge, les Thai du Siam fondèrent dès cette époque de solides royaumes: Chieng Ray en 1262, Muong Fang en 1273, Chieng Mai capitale du Lan Na vers 1290, et surtout Sukhothai qui fut la première grande cité souveraine du Siam, sous le règne du roi Aditya puis de son fils le célèbre R ma Kamheng ou R ma le Puissant, «inventeur» de l’écriture siamoise.Par la suite, le royaume de Sukhothai céda la place à celui d’Ayuthia, qui eut bien du mal à réaliser l’unité thai au Siam et à intégrer Chieng Mai dans le royaume. De son côté, le Laos devint un État indépendant, tandis que les Thai de Birmanie s’efforçaient de se maintenir dans une nation sans cesse divisée par des luttes intérieures.Ainsi, c’est dans le cadre du XIIIe siècle que se définit l’apparition des Thai sur la scène historique du Sud-Est asiatique et que s’amorcent les grandes lignes évolutives de la Thaïlande et du Laos.2. Panorama linguistiqueLes Thai (parlant des langues thai), y compris ceux qui vivent en Chine, sont au nombre d’environ 30 millions. Ils occupent un territoire qui s’étend entre le 7e et le 26e degré de latitude nord et entre le 94e et le 110e degré de longitude est. Les divers parlers thai sont remarquablement homogènes, et cette relative unité linguistique est le meilleur critère de définition ethnique de ces peuples. Il s’agit d’un grand ensemble ethno-linguistique, qui présente des différences culturelles du fait des influences reçues et du voisinage d’autres groupes, des différences physiques aussi, en raison d’assimilations par mariages mixtes, sur des aires communes. Mais ces quelques «variantes» n’entament ni l’unité de substrat ni l’appartenance à une «famille» cohérente et strictement définie.Considérés comme s’étant dispersés à partir de la Chine du Sud, ils ont contribué à la «thaïsation» des pays où ils s’installaient, grâce à leurs structures socio-politiques solides, et ils ont ainsi abouti à la création de grandes aires linguistiques et culturelles, toujours en place dans l’actuelle carte ethno-linguistique de l’Asie du Sud-Est – carte en mouvement, pourrait-on dire, puisque l’éclatement de certains villages et la thaïsation se poursuivent en certains lieux.La nomenclature des groupes linguistiques est difficile à établir en raison de l’imprécision des dénominations thai elles-mêmes, du fait aussi que les Chinois, les Siamois, les Français et les Anglais désignent ces groupes par des noms différents.Les critères de classification adoptés par les auteurs sont eux-mêmes très variés: localisations géographiques, relations interlinguistiques, peuples à écriture ou sans écriture, gens des terres basses ou hautes, types d’institutions socio-politiques, développement historique divergent, aires ethnographiques ou littéraires...La classification chinoise actuelle des groupes de langues thai, publiée par Li Fanggui en 1943, 1957 et 1959, comprend trois grandes subdivisions: 1. Les dialectes thai du Nord, du Houei-tcheou (Ghizou) et du Houang-si; 2. Les dialectes kam-sui et sui (ou shui), au sud et au sud-est du Houei-tcheou; 3. Les dialectes thai dits «du Centre», c’est-à-dire le thô et le nung.Pour l’Anglais Bruk, qui publia une répartition statistique en 1960, les groupes s’organisent en quatre ensembles: chuang (zhuang), chung-chia (zhong-jia), tung (dong) et shui, ne considérant que ceux des provinces chinoises.Enfin, le linguiste français A. G. Haudricourt inclut le groupe dai ou thai dans la famille linguistique des langues kadai, et énumère ainsi les principales: l’ahom, aujourd’hui disparue, autrefois parlée en Assam; le khamti en Assam et dans le nord de la Birmanie; le shan en Birmanie, ainsi que le khun; le thai nua et le thai lu en Chine et au Laos; le yuon ou lao de Chieng Mai en Thaïlande; le lao ou laotien au Laos et dans le nord-est de la Thaïlande; le siamois ou thai klang en Thaïlande; le thai dit blanc, rouge ou noir et le thô au Nord-Vietnam; enfin, le nung au Nord-Vietnam et en Chine. Les chiffres les plus importants en 1993 concernent les gens de langue siamoise ou thai klang (23 millions) et les Laotiens (environ 11 millions répartis au Laos et en Thaïlande), auxquels il faut ajouter les 3 millions de gens parlant le yuon ou lao de Chieng Mai.On voit la complexité de cette carte ethno-linguistique, alors que, selon une vue superficielle, le domaine thai devrait tout simplement se résumer en deux termes, siamois et laotien, ou même, aux yeux d’un public non informé, se réduire à un seul nom, celui de la Thaïlande.3. Divisions des ThaiGroupes ethniques minoritairesLe berceau du groupe ethnique est le sud de la Chine (région du Guangdong et du Guangxi) où l’on retrouve encore des témoignages des plus anciens dialectes. De là, les Thai se sont répandus au nord et à l’ouest, recherchant les vallées hautes, vraisemblablement après avoir subi une poussée de la part de nouveaux arrivants plus puissants: les Han («Chinois» proprement dits). À l’origine, les Thai ne seraient donc pas des montagnards et leurs excellentes techniques de rizières permanentes et d’irrigation paraissent bien le confirmer. Poursuivant leur expansion vers l’ouest, ils ont trouvé en descendant les vallées du Mékong et du Ménam des zones d’implantation très favorables. Leur établissement y est clairement attesté au XIIIe siècle. Les derniers éléments thai ont atteint l’Assam.Leur répartition en 1992 est d’une extrême complexité. Les plus anciens groupes (de langues dites kadai) sont: les Mulao, les Gelao, les Lagua, situés dans les provinces chinoises du Guangxi et du Guizhou, et les Li (ou Dai) de l’île de Hainan. Ils sont au total environ un million d’individus.Puis viennent les Zhuang (16 millions), largement majoritaires dans la région autonome du Guangxi. Plus au nord, les Bu yi (ou Dioi, 2,7 millions), les Dong et les Shui (1,5 million), dans les provinces du Guizhou et du Hunan.Partie sur les confins chinois, partie au Vietnam, on trouve les Niang (ou Giây), les Nung et les Thô (qui ont pu noter leurs langues en caractères chinois). Puis, les Thai «blancs», «noirs», «rouges» (d’après la couleur du vêtement traditionnel féminin), «du Nord» (Thai Neua), qui connaissent une écriture d’origine indienne, probablement par l’intermédiaire des Khmers. On peut estimer qu’ils sont environ 1,3 million.Au Laos, parmi les minorités, on rencontre encore des Thai «noirs», des Thai «du Nord», des Phou Eun, des Lu, des Yuan. On retrouve ces deux dernières populations en Thaïlande. Leur nombre est mal connu.Enfin, de nombreux Shan (3,6 millions) sont implantés en Birmanie (ils ont emprunté l’écriture birmane), ainsi que des Khamti, que l’on retrouve en Assam. Dans ce dernier pays, il existe encore des Ahom, d’origine thai, qui ont abandonné leur langue.Le Thai a su habilement aménager les petits bassins montagneux pour sa culture principale, le riz «gluant», en rizières permanentes. Un système ingénieux de fossés, de conduites de bambou et de norias permet une utilisation efficace de l’eau. Sur brûlis de forêts, il cultive encore du riz, puis du maïs, du sésame, du soja, des patates, des ignames. Il plante des arbres fruitiers (bananiers, jaquiers, pruniers, manguiers, abricotiers, pêchers). Il pêche au filet, à la ligne, à la nasse, au poison, et élève parfois des carpes en mare et en rizière. Il chasse l’éléphant, l’ours et le daim. L’artisanat thai comprend la vannerie, la poterie, le filage, le tissage et la teinture du coton, le travail de l’argent, parfois la construction de pirogues (notamment chez les Thai blancs). La maison traditionnelle est construite sur pilotis, avec une étable au sol pour les buffles, les chevaux et les porcs, et le logement à l’étage. Le bambou écrasé et tressé est très utilisé. Une terrasse prolonge à l’extérieur la surface habitée. On pénètre dans une salle de réception, qui abrite l’autel rituel et un foyer de terre; lui font suite de petites pièces privées, enfin une grande cuisine où se tiennent femmes et enfants.L’organisation sociale est aristocratique (Thai noirs et blancs). Dans chaque principauté, au-dessus d’une oligarchie de notables, le chef, investi des pouvoirs civils et religieux, était autrefois le vassal d’un seigneur plus puissant. Cette féodalité, efficace sur le plan militaire, rappelle celle de la Chine ancienne. Les rizières permanentes appartenaient au seigneur, qui en gardait une certaine étendue cultivée par corvées. Le reste était redistribué tous les quatre ans entre les paysans, les notables recevant certains avantages. L’asservissement d’ethnies voisines par les Thai est attesté. Kha signifie «esclave» en laotien, le terme désigne les proto-Indochinois du Nord. Chez les Thai noirs, les seigneurs appartenaient à la famille Lokam; chez les Shan du Yunnan et les Thai blancs du Vietnam, aux familles Leo et Deo. Ils descendent du dieu céleste, alors que les plébéiens sont issus d’une courge gigantesque d’où, dans les temps mythiques, l’ancêtre noble les a fait sortir ainsi que les autres races humaines.La hiérarchie féodale se double dans l’au-delà d’une hiérarchie semblable des Esprits. Les dieux du sol (village, région, etc.) sont rendus propices par les seigneurs, dont la présence est indispensable. La grande fête annuelle est la «descente dans les champs», avant la reprise des travaux agricoles. Elle donne lieu à un jeu de balle rituel: hommes et femmes, du haut en bas de la hiérarchie, se renvoient une balle en visant un cercle de bambou haut perché. Des chants alternés de garçons et de filles et de nombreux festins prolongent ces rites de fécondité (Thai blancs). Les croyances sont influencées plus ou moins par le bouddhisme (Shan, notamment) et par le fonds religieux chinois. L’être humain a plusieurs dizaines d’âmes qui peuvent parfois s’éloigner du corps. Le chamane est chargé de les ramener avec l’aide de ses esprits auxiliaires (il continue à jouer ce rôle chez les populations les plus frustes). À la mort, les âmes se séparent en trois groupes: certaines deviennent les Esprits de la maison qui protègent les descendants; d’autres sont les Esprits de la tombe, placés sous les ordres du dieu du sol; d’autres enfin se rendent au Ciel dans des villages célestes (clans nobles) ou vont peupler certains villages des confins de la Terre et du Ciel (clans roturiers). Évoquons une légende connue: l’éclipse de Lune est causée par une énorme grenouille qui tente de l’avaler; liée par une chaîne d’or à l’étang Hanh, elle profite parfois du sommeil du seigneur voisin pour s’échapper; il faut alors que les dames de la Lune courent chercher le seigneur de l’étang Hanh, seul capable de faire rendre gorge au monstre, et, pour les aider à le réveiller, les jeunes filles thai noires frappent leurs mortiers à riz de leurs pilons.Groupe ethnique majoritaireAu sud, le groupe thai majoritaire est constitué par les Siamois, au nombre d’environ 23 millions, ou habitants de la Thaïlande. Il s’agit d’une population très évoluée, pratiquant depuis longtemps l’irrigation des rizières, adepte du bouddhisme Therav da, ayant au cours des siècles poursuivi l’unification et la thaïsation du pays, d’abord sous les rois de Sukhothai, ensuite sous la monarchie d’Ayuthya, enfin sous la dynastie de Bangkok, fondée à la fin du XVIIIe siècle. Physiquement, les Siamois présentent des caractères indonésiens et mongoloïdes mélangés, semblables sur ce point à la plupart des peuples du Sud-Est asiatique. Leur type d’habitation est la maison sur pilotis, l’activité fondamentale traditionnelle est l’agriculture de plaine, à laquelle s’ajoute la pêche dans tous les cours d’eau. Les grandes cités ont développé des modes de vie de type occidental, continuant l’évolution déjà amorcée aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui avait transformé la société siamoise au contact des peuples voisins, puis des Portugais, Français, Hollandais et Anglais, au cours de rapports diplomatiques et commerciaux. La famille est restée de type patriarcal, la religion d’État est toujours le bouddhisme et les structures féodales des origines ont fait place à des formes beaucoup plus souples, notamment en ce qui concerne les règles de succession au trône.4. Caractères socioculturelsL’ensemble de la culture thai, tout particulièrement celle des Siamois et des Laotiens, a reçu des influences diverses, venues de la Chine et de l’Inde, mais c’est évidemment le bouddhisme qui l’a marquée le plus profondément. Dans le cadre de l’Église du Sud, appelée H 稜nay na ou Therav da, la religion du Bouddha est en effet devenue la religion officielle de la Thaïlande et du Laos. Mais si le clergé des bonzes, hiérarchisé, implanté dans les villes et villages, est présent dans toute cérémonie publique et privée importante, et si la vie de la pagode ou monastère bouddhique s’inscrit dans celle de la communauté laïque par tout un système de dons et de rapports mutuels, il n’en est pas moins vrai que les croyances autochtones, issues d’un substrat bien antérieur au bouddhisme, sont loin d’avoir entièrement disparu: la croyance aux génies de la montagne, des pierres, des arbres et des eaux (les innombrables phi des légendes laotiennes et siamoises) témoigne d’un solide animisme local. La grande inscription du roi de Sukhothai, R ma Kamheng, datant de la fin du XIIIe siècle, contient un passage consacré au génie de la colline, le Braña Khabung, protecteur du royaume, ce qui n’empêche pas la même inscription d’affirmer l’appartenance bouddhique du roi et de tout son peuple. Chez les Thô, les génies se sont hiérarchisés en génies du canton, génies du village, etc., à l’image du chef et de ses vassaux.Ainsi, deux niveaux religieux se sont superposés et interpénétrés en bien des cas. Le bouddhisme vécu comporte traditionnellement, pour tout Siamois ou Laotien, un séjour de trois mois à la pagode, ainsi que l’assistance aux fêtes commémorant la naissance et la mort du Buddha, et un certain nombre d’observances rituelles. L’obligation, au moins morale, de présenter aux bonzes des offrandes de nourriture et de vêtements a son origine dans le désir d’acquérir des mérites pour une vie future. L’incinération des morts est de règle, suivie du dépôt des cendres dans une urne à reliques. La «tour-reliquaire», appelée st pa dans l’Inde, chedi en Thaïlande, that au Laos, est le type même du monument bouddhique s’élevant dans l’enceinte du vat ou monastère, avec de nombreuses variantes architecturales et stylistiques.Toutefois, les populations thai restées plus ou moins en marge de l’évolution historique de la Thaïlande et du Laos, notamment celles des hautes régions confinant à la Chine du Sud, enterrent généralement leurs morts ou, comme les Thai noirs, les incinèrent et enterrent ensuite la jarre dans laquelle ils ont recueilli les cendres.C’est dans le domaine de l’évolution politique et sociale que la relative unité ethno-linguistique du monde thai s’est trouvée remise en cause. En effet, depuis la Chine du Sud, leur habitat d’origine, les tribus ont évolué fort différemment selon leurs conditions de développement. Établis dans le fond des vallées, les Thai ont été très tôt des cultivateurs de rizières irriguées, souvent étagées en terrasses le long des pentes. Parallèlement, ils ont cultivé le maïs, le manioc, les ignames, les fruits, les jardins potagers, et n’ont pas ignoré la rizière sèche et le ray ou culture sur brûlis là où la montagne et la forêt l’exigeaient.L’ordre de base répondait à un type «féodal», les rizières du chef étant entretenues par les corvées des paysans, la propriété du sol étant l’apanage du souverain et de quelques grands vassaux vivant sur leurs terres et les ayant reçues du roi. Les Thai semblent l’avoir emporté très tôt sur l’ensemble des populations proto-indochinoises, non seulement sur le plan technique, mais encore par la puissance et la cohésion de leur structure. Les chefferies héréditaires tenaient entre leurs mains le pouvoir religieux, économique et politique. Fortement organisées, ces chefferies ne tardèrent pas à réduire en demi-servage les proto-Indochinois plus faibles et, d’autre part, à assimiler les éléments culturels supérieurs qui se trouvaient à leur portée. C’est ainsi que l’apport des codes de lois transmis de l’Inde par les Môn, les conceptions monarchiques des Khmers, le bouddhisme et, en corrélation avec ce patrimoine de civilisation, l’acquisition de l’écriture elle-même placèrent la société thai dans un «devenir» rapide. Une littérature écrite se développa en siamois et en laotien, religieuse, didactique, paratechnique, juridique, épique, poétique, romanesque, tandis que la Thaïlande et le Laos, plus ou moins ouverts aux influences occidentales, poursuivaient chacun un destin politique différent.• 1826; mot de la langue thaïe1 ♦ Se dit de langues de l'Asie du Sud-Est, parlées par les Thaïlandais, les Laotiens et les populations de la Birmanie et du sud de la Chine. Langues thaïes, groupe thaï. — Se dit des populations dont la langue est le thaï (cf. Thaïlandais). N. Les Thaïs.2 ♦ N. m. Le thaï : les langues du groupe thaï.Synonymes :- siamois● thaï, thaïe adjectif et nom Relatif aux Thaïs. ● thaï, thaïe (homonymes) adjectif et nom taille nom féminin taille forme conjuguée du verbe tailler taillent forme conjuguée du verbe tailler tailles forme conjuguée du verbe taillerthaï, thaïeadj. et n. m.d1./d adj. Des Thaïs; qui a rapport aux Thaïs.d2./d n. m. LING Le thaï: groupe de langues parlées en Asie du Sud-Est. (V. Asie, Langues.)⇒THAÏ, adj. et subst. inv.A. — De l'ensemble ethnique de l'Asie du Sud-Est utilisant une famille de langues parlées principalement en Thaïlande et aussi au Laos, en Birmanie, dans le Nord du Viet-Nam et dans le Sud de la Chine. Le groupe (...) Thai occupe la partie orientale du territoire situé entre le Salwen et l'Irawaddy, ainsi que le nord-ouest (HADDON, Races hum., trad. par. A. Van Gennep, 1930, p. 223). Avec les danseurs de Manora nous pénétrons dans le monde thai, sans quitter pourtant le monde indonésien (CUISINIER, Danse sacrée, 1951, p. 17).— (Celui, celle) qui appartient à ce groupe et parle l'une de ces langues. Le monde vietnamien (...) n'a pas — ou n'a plus — de danses populaires proprements dites. Le fait d'en garder vivants l'exercice et la tradition n'empêche pas les Thai — ni tant d'autres populations — de faire appel à des troupes spécialisées (CUISINIER, Danse sacrée, 1951, p. 24). V. siamois I B ex. de Lang. Monde.B. — Qui est propre à ce groupe. Culture, civilisation thaï; danse, cuisine thaï. Les inscriptions runiques scandinaves relèvent de la paléographie aussi bien que les documents thai (...) transcrits sur des lamelles de bambou (Hist. et ses méth., 1961, p. 528).— LING., subst. masc. Famille de langues parlées par ce groupe ethnique caractérisée par l'emploi de mots pour la plupart monosyllabiques et par un système tonal à cinq tons. Le nombre des tons peut varier (...) cinq en thaï, quatre en chinois standard, deux en suédois (POTTIER ds Langage, 1968, p. 303).— [P. réf. à la couleur du costume traditionnel fém.] Thaï blanc, thaï noir. Les langues thai sont parlées en Indochine et dans le Sud de la Chine par une douzaine de millions de personnes (...). Les principales langues sont: (...) aux confins du Laos, du Tonkin et de l'Annam, le tai-noir; au Tonkin, sur les deux rives du Fleuve Rouge et jusqu'à Lang-son, le tai-blanc (Lang. Monde 1952, p. 571).Rem. Parfois variable en genre et en nombre: On a coutume d'évoquer la population thaïe au féminin: c'est la vision (...) d'une danseuse aux longs doigts recourbés (En Thaïlande et au Laos, Paris, Hachette, 1975, p. 22 [Les Guides bleus]). Les Thaïs ont conquis de nouvelles terres cultivables en remontant les vallées (ibid.).Prononc. et Orth.:[taj]. Formes avec et sans h, et avec et sans tréma. Reçoit parfois les marques usuelles e et s, du fém. et du plur. Étymol. et Hist. 1. 1826 ling. (BALBI, Introd. à l'Atlas ethnographique du globe, p. 142: vocabulaires thay ou siamois propre); 2. 1895 Thaï subst. masc. plur. « peuple asiatique » (GUÉRIN Suppl.). Mot siamois.thaï [taj] adj. invar. et n.ÉTYM. 1875, in P. Larousse, art. Siam; mot de la langue thaï.❖1 Des populations dont la langue est le thaï, vivant pour la plupart en Thaïlande. ⇒ Thaïlandais. || La culture, la civilisation thaï. || La cuisine thaï. — N. Personne appartenant à ces populations. — REM. On trouve parfois des formes francisées : les Thaïs; la puissance thaïe.2 Se dit de langues de l'Asie du Sud-Est, parlées par les Siamois (Thaïlandais), les Laotiens et les populations de la Birmanie et du Sud de la Chine. || Langues thaï, groupe thaï. — N. m. || Le thaï : les langues du groupe thaï. || Parler thaï. — Adj. || La grammaire thaï.➪ tableau Classification des langues.
Encyclopédie Universelle. 2012.